Compobaie réinvente son avenir en Scop
Pari gagné pour Compobaie. Placée en liquidation judiciaire le 13 décembre dernier, la société tarnaise spécialiste du bloc baie béton a été reprise par une vingtaine de salariés. Elle renaît de ses cendres sous le nom de 3B Concept.
Dans cet océan de faillites, dont le niveau monte depuis deux ans, naissent quelques belles histoires comme on en voudrait plus. Le 13 décembre dernier, l’entreprise tarnaise Compobaie, spécialiste des encadrements de fenêtres et inventeur du « bloc baie béton », mettait la clé sous la porte après trente-cinq ans d’activité. Mais comme ToulEco l’avait annoncé, un espoir subsistait. Et il fallait bel et bien s’y accrocher ! Reprise en Scop par ses salariés, la PME de Marssac-sur-Tarn s’en sort par le haut. Elle s’appelle désormais 3B Concept, une nouvelle société dont la création a été enregistrée officiellement le 7 février 2025 par le tribunal de commerce d’Albi... Celui-là même qui avait scellé le sort de Compobaie en prononçant sa liquidation judiciaire deux mois plus tôt.
« Les gens sont juste malheureux », confiait, triste et émue, Séverine Anglade en décembre dernier. L’ancienne dirigeante de Compobaie préside désormais la Scop 3B Concept, installée à Puygouzon, où l’ambiance est tout autre : « Tout le monde a la banane, on est tellement contents ! », lâche-t-elle tout sourire. Sur les 86 salariés que comptait Compobaie, une vingtaine ont fait le choix courageux de prendre leur avenir en main, en rachetant l’entreprise pour préserver son savoir-faire unique et sauver leurs emplois.
Mobilisation générale
L’affaire n’était pas gagnée d’avance. Après la liquidation, la fenêtre de tir est mince et une course contre la montre s’enclenche : il faut impérativement relancer l’activité avant de perdre clients et partenaires. Informée la veille du jugement, l’Union Régionale des Scop et Scic décide de sortir l’artillerie lourde. « C’était tard, très tard. Mais, heureusement, on a tout de suite perçu qu’on avait une très belle équipe face à nous, alors on s’est démené ! », relate Cyrille Rocher, directeur de l’URSCOP Occitanie.
La Communauté d’agglomération de l’Albigeois, présidée par Stéphanie Guiraud-Chaumeil, vient elle aussi à la rescousse. « La CAA et la Ville d’Albi nous ont réellement soutenus et accompagnés », salue Séverine Anglade, reconnaissante.
En ces temps de marasme économique où les liquidations s’enchaînent à la barre des tribunaux de commerce, de nombreuses entreprises tentent la bascule en Scop. L’an dernier, le succès inespéré de Duralex a marqué les esprits. Pourtant, selon Cyrille Rocher, la coopérative n’est pas toujours une solution souhaitable. « Il y a trois clés pour une reprise réussie : la volonté des salariés d’entreprendre ensemble, en comprenant les règles du jeu, un modèle économique viable et, enfin, une dimension environnementale et responsable », indique-t-il.
Quant à Séverine Anglade, elle a trouvé un bonheur insoupçonné dans le modèle coopératif, émerveillée par « la motivation et l’engouement » qui règnent au sein des équipes. « On est passé par des moments vraiment pas évidents. Mais là, je me régale au quotidien ! », conclut-elle.
Article rédigé par Marie-Dominique Lacour de Touléco Tarn